mercredi 8 février 2017

Silence : fresque sobre et sublime sur le doute et la foi

Au XVIIème siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, dont on n'a plus de nouvelles. Il aurait apostasié... Mais les deux prêtres n'y croient pas. Ils découvriront un pays où le christianisme est illégal et ses fidèles persécutés, obligés de vivre leur foi caché.

Scorsese porte le projet de ce film depuis 30 ans et ça se sent. Le film a une densité impressionnante. Mais on peut ne pas s'en rendre compte (plusieurs spectateurs ont quitté la salle avant la fin du film... quel dommage !). Car pour filmer le doute et la foi, Scorsese a choisi la sobriété. Les 2h40 passent l'air de rien. Les scènes de torture sont, certes, très fortes mais il n'y a aucune surenchère. Les images sont sublimes mais les mouvements de caméra assez peu présents. Ce qui n'empêche pas des moments extraordinaires, notamment à la fin du film. Le ton est contemplatif, introspectif, avec une forte présence d'une voix off. Peu de musique, mais une bande son très subtile (signée Kim Allen Kluge et Kathryn Kluge) où les bruits paisibles de la nature se mêlent aux gémissements des martyrs. Et c'est au moment du générique de fin, quand le film se termine, qu'on réalise qu'on a vécu une expérience cinématographique intense, qui laisse des traces profondes.

Car si Silence est un film sur le doute et la foi, il propose plus de questions que de réponses. Sur la place du doute dans la foi. Sur le silence de Dieu : est-ce contradictoire avec sa présence ? Sur le martyr : faut-il céder à l'inquisition tout en gardant une foi cachée ou faut-il rester fidèle quoi qu'il en coûte ? Sur la transmission de la foi : la foi chrétienne est-elle universelle ou certaines cultures y sont-elles imperméables ?

Pour avoir de bonnes réponses, il faut d'abord poser les bonnes questions. C'est ce que fait Scorsese dans ce chef d'oeuvre sobre et profond. Chacun pourra répondre pour lui-même, dans le silence de son propre cheminement spirituel. Chef d'oeuvre !

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